Publié le 25 juillet 2024–Mis à jour le 14 novembre 2024
Cette exposition a été conçue par le programme de recherche de l’ANR "Une légende rouge dorée ? Expériences hagiographiques dans les pays de l’ex-URSS et démocraties populaires" (2021–2025), en collaboration avec l’Humathèque Condorcet. Elle est produite par l’ANR (Agence nationale de la recherche) et le Campus Condorcet.
Inspiré des vies exemplaires de La Légende dorée (Legenda aurea en latin) de l’hagiographe chrétien Jacques de Voragine (XIIIe siècle), le programme RedGold de l’ANR s’est interrogé sur les ressorts de la sainteté en action dans les mondes (post-)communistes. De l’ex-Yougoslavie à la Chine, il s’est intéressé aux impacts du marxisme-léninisme d’État, combiné à un grand pluralisme confessionnel, avec un intérêt particulier aux perspectives comparatives qu’offre l’islam.
Depuis les réformes de Deng Xiaoping (années 1980) et l’après chute du Rideau de fer en URSS (années 1990), un boom d’expériences hagiographiques – rituelles, monumentales et littéraires – a pu être observé en Chine et dans l’ex bloc de l’Est. Partout, il témoigne d’une sainteté active, incarnée par des figures masculines, plus rarement féminines.
L’introduction de l’exposition donne un aperçu graphique et historiographique des totalitarismes qui ont réprimé l’expression du religieux jusqu’à la fin du système de la lutte des classes. À travers des photographies des membres du projet RedGold, prises depuis 1989, l’exposition elle-même propose une immersion dans différents processus hagiographiques observés sur des terrains divers, tout en reflétant l’approche de la recherche, historique ou anthropologique.
Les sociétés post-communistes (post-maoïste pour la Chine) privilégient certaines vertus. Parmi elles, la longévité, qui a permis à mainte figure sainte du XXe siècle de jouer un rôle de transmettrice de spiritualité. Aujourd’hui, la résurgence de ces dernières passe par la conservation à l’abri des regards ou, au contraire, l’exhibition publique d’objets leur ayant appartenu ou de portraits photographiques — parfois même de statues — dans des espaces tant séculiers que religieux.
Le visiteur sera donc plongé dans la matérialité de cultes axés sur cette transmission et sur la quête particulière de liens entre générations : avec leur baraka, la mémoire de ces hommes et femmes de Dieu est convoquée lors de rassemblements célébrant leur grandeur et leur miséricorde. Il sera transporté dans la pluralité sonore de ces assemblées, en écoutant l’enregistrement de performances contemporaines du dhikr (en islam, la cérémonie mystique d’invocation du divin).
Les expériences hagiographiques observées se manifestent aussi par la sanctuarisation d’une variété d’espaces qui, liés à la vie de ces figures saintes, accueillent lieux sacrés et rituels. En contexte postcommuniste ou post-maoïste, ces espaces portent la marque de l’ingénierie sociale du communisme d’État, reflétant les recompositions politiques, sociodémographiques et culturelles de sociétés soumises, au nom d’une idéologie commune, à de très profonds bouleversements.
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